Hommage à Chris de Cyb

Publié le par Cyb

"La chose que je préfère dans ma rencontre avec Soundgarden, c'est ce côté hasard, ces petits événements qui s'enchaînent pour vous faire découvrir ce qui, à priori n'avaient aucune chance d'arriver entre les mains d'un type coincé au fin fond des côtes d'Armor dans une vallée sans la télé ni quoi que ce soit qui permette de connaître la folie qu'était le grunge au début de l'année 94.
 
Je ne savais rien de la hype, de l'histoire du nord-ouest américain. La connexion est venu de Pearl Jam que je venais de découvrir six mois plus tôt, un peu par hasard, et qui m'avait mis la tête à l'envers. Ces moments quand vous mettez le disque d'inconnus dans la chaîne, que vous vous placez bien en face des enceintes, près pour tout, pour rien, pour le voyage, et que les premières notes résonnent... Ces moments-là sont un vrai bonheur que j'ai pu connaître avec des albums que je garderai toute ma vie. L'un de ces disques c'est Superunknown de Soundgarden. La putain de claque ! Eddie Vedder a probablement raison quand il dit que les clips tuent la musique...
 
Tout ça pour dire que ce disque m'a fait connaître Chris Cornell et sa bande d'allumés, puis Temple of the Dog et, par association Mother Love bone. Grâce à PJ j'ai ouvert la vanne à des dizaines d'autres groupes excellent, j'ai trouvé des connexion avec tantôt Cornell, tantôt Shepherd... Bref, une scène, des gars de filles (bon, surtout de gars) paumés à l'autre bout du monde mais qui se respectent, qui paraissent réglos, plutôt à gauche (c'est devenu assez important pour moi à cette époque) et qui auraient pu être mes potes ou avec qui j'aurais pu causer avec plaisir.
 
Je n'ai jamais été déçu par un disque de Soundgarden. ça a toujours été un voyage ultra kiffant, de ceux qui donnent envie d'y revenir. Je les écoute et réécoute avec plaisir. ça fait partie de ce qui m'a construit et je suppose que c'est pour ça que la mort de Cornell m'affecte et affecte tous ceux qui ont connu et dévoré sa musique.
 
Soundgarden a toujours eu l'émotion moins frontale que Nirvana ou Pearl Jam, plus cryptée. Derrière le chant, le rouleau compresseur Cameron-Thayil-Yamamoto/Shepherd avait la mesure plus complexe que Mudhoney ou Tad, quelques points commun avec Alice in Chains, de loin, de très loin. Peut-être plus du côté Black Sabbath finalement, en plus mélodique. Pour rester à Seattle, Chris Cornell avait au final plus à voir avec le blues poisseux de Mark Lanegan, cette errance dans les terres sombres de Robert Johnson, des Beatles et de la mort, sans jamais y marcher vraiment, mais témoignant toujours d'un certaine noirceur. Cornell/Lanegan, ça aurait fait un sacré duo, l'un avec sa voix grave, l'autre plus haut perché qu'aucun chanteur du nord-ouest américain. ça aurait eu de la gueule. Oui mais voilà, plus rien, fini. Chris Cornell est parti au pays des terres sombres pour de bon, sans billet retour. Après, qu'il l'ait fait volontairement ou dans un délire paranoïaque incontrôlable, finalement ça importe moins que sa disparition.
 
Ce petit mot c'est Pour tout ce que Soundgarden et Chris Cornell ont pu m'apporté, tant émotionnellement qu'artistiquement, pour adresser mes condoléances à tous ceux qui les ont appréciés, à leur proches. Toute fin est un début. Hasta la vista."
 
Seattle Sound : Qui de mieux, pour écrire sur Chris Cornell, notre écrivain préféré Cyb, Merci. Après Eric et Cyb, que dire de plus,...Mais vous pouvez écrire un hommage vous aussi. Cela permet aux fans de se sentir un peu moins seul et de dédramatiser d'une certaine façon.
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